La diatomée ? Du silicium. La peau de requin ? Elle évite les turbulences aériennes. La termitière ? Le meilleur système de climatisation jamais conçu, qui maintient une température constante de 27°. L'hémoglobine du ver arénicole ? Son rhésus, O+, est celui de donneur universel... Si c'est déjà le cas de certaines entreprises pionnières, la recherche pourrait s'inspirer plus largement de la nature pour concevoir des inventions révolutionnaires aux caractéristiques techniques inégalables.
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La fougère inspire la fabrication d'antiparasitaires bio |
La nature est une bibliothèque qui contient toute la connaissance, selon Idriss Aberkane, docteur bidisciplinaire en neurosciences cognitives et économie de la connaissance à l'École Polytechnique et professeur à Centrale-Supélec (conférence organisée par le groupe Saretec, le 27 septembre à Paris).Il faut donc la considérer comme une source de connaissance, infinie, et non pas se contenter d'en retirer des matériaux qui ne font que s'épuiser.
Apte à résoudre n'importe quel problème si on lui en laisse le temps — digérer les déchets, par exemple —, la nature offre toutes les solutions à qui sait l'étudier. Comme le Gulf Stream, qui détient des clefs pour lutter contre le réchauffement climatique.
Animaux et végétaux, innovants par nature !
Les miracles technologiques rencontrés dans le monde sauvage sont innombrables et méconnus. Ainsi, le système auditif des chouettes a inspiré des "caméras acoustiques" qui captent les sons jusqu'à 300 mètres, explique Sabine Bernert. Avocat et photographe, cette passionnée de biodiversité connaît les secrets des espèces comme personne, qu'elle raconte volontiers.
Le basilic vert, aux pieds palmés et dont les doigts de pied créent des coussins d'air, utilise sa queue pour frapper la surface de l'eau et se propulser en l'air. Une technique reproduite pour créer un robot capable de marcher sur l'eau, qui pourrait sauver les victimes d'inondations. Terminés par des millions de poils en kératine, eux-mêmes subdivisés en poils plus fins et spatulés, les doigts des geckos se collent puissamment et se décollent quinze fois en une seule seconde ! Les chercheurs s'en inspirent pour concevoir des colles sèches recyclables pour le secteur automobile, mais aussi pour fabriquer des semelles de chaussures destinées aux athlètes et aux astronautes. La soie de l'araignée, ultra-résistante et élastique, est à l'origine de gilets pare-balles. Quant aux dendrobates, dotés d'une double couche de peau qui sécrète du venin en cas de besoin, ils ont permis d'imaginer une technique d'auto-dégivrage des ailes d'avions, expérimentée sur les drones.
Parfois aussi, les solutions induites par la nature ont le grand avantage de ne pas coûter cher... Et Idriss Aberkane de citer les Coréens, qui ont fabriqué des batteries de biomasses à partir de mégots de cigarettes, et un hôtel de Bangkok qui capture le CO2 en cultivant de l'algue spiruline sur son toit...
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