L'opérateur visualise la chaîne de tri sur un écran et sélectionne les déchets à éjecter |
Les opérateurs du centre de tri d'Amiens (Somme) effectuent le tri sélectif des emballages plastique à distance, sans aucun contact direct. Une caméra filme la chaîne de tri et il suffit ensuite à l'opérateur de pointer sur un écran tactile les déchets qu'il souhaite extraire. C'est le tri "télé-opéré".
Deux types de
technologies interviennent dans ce tri par écran interposé, qui concerne pour l'instant les emballages en plastique : briques alimentaires, flacons,
bouteilles.
Le tri séquentiel auto-adaptatif (TSA2) sépare automatiquement les
emballages en fonction de leur matière et de leur couleur : chaque minute,
il sélectionne sur la chaîne la famille de déchets majoritaires et les trie
avant de choisir une autre famille. Installé dans une cabine, le télé-opérateur intervient ensuite pour
affiner ce premier tri. Une caméra, placée au-dessus du tapis de circulation, lui
renvoie l'image des déchets sur un écran tactile. Il dispose alors de quatre secondes pour désigner les "intrus" en
les touchant sur l'écran, avant l'image suivante. Un système aéraulique de jets d'air éjecte automatiquement les déchets indésirables vers un caisson.
Pour développer ce prototype
industriel, inauguré il y a tout juste un an, Veolia Recherche et Innovation a réuni un groupe de travail pluridisciplinaire
associant mécanique, traitement du signal, sociologie, psychologie ou ergonomie,
en appui des équipes d'exploitation, et a investi 7,5 millions d'euros sur cinq ans.
La ville d'Amiens a
co-investi avec Veolia Propreté pour rénover son centre de tri et le faire
évoluer vers un centre de tri télé-opéré. Ce site pilote a été conçu pour
répondre aux besoins de plus de 400 000 habitants de la Somme, du Pas-de-Calais et de l'Oise. Il peut traiter 22 000 tonnes de déchets ménagers par
an, soit 30% de plus qu'avant sa rénovation.
Sécurité, efficacité
Avec ce nouveau site, la collectivité souhaitait améliorer la qualité de tri des
plastiques et réduire les refus de tri. Le site pilote d'Amiens trie près de 2,5 fois plus de déchets à l’heure. Les innovations sont également une réponse aux exigences croissantes de la réglementation en matière de recyclage, notamment celles de la loi relative à la transition énergétique du 17 août 2015.
Le tri télé-opéré est moins dangereux pour les agents, qui ne risquent plus
de se couper ou de subir des chocs en saisissant les déchets à la main. Leur travail est aussi plus efficace : 6 % de déchets supplémentaires
sont valorisés pour produire de nouvelles matières premières secondaires.
Limitée aujourd'hui au tri du plastique, cette technologie pourrait
être utilisée par la suite pour d’autres matériaux.
Dans son rapport Les collectivités s'engagent pour le climat, présenté le 22 octobre, le Sénat recense
l'innovation du site d'Amiens comme l'une des initiatives locales les plus exemplaires pour lutter contre le réchauffement climatique, alors
que s'ouvre la conférence de Paris sur le climat, la Cop21.
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